Caractérisation d’une population de grands et moyens mammifères dans la Reserve de Faune du Dja : Potentiel et menaces

La présente étude a pu être élaborée grâce à un soutien financier du Réseau des Aires Protégées d'Afrique Centrale (RAPAC) dans le cadre du Programme ECOFAC V (UE) avec le Projet APPUI A LA CONSERVATION ET A L’IMPLICATION DES POPULATIONS RIVERAINES DANS LA COGESTION DES RESSOURCES NATURELLES DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DU DJA mis en oeuvre par l’UICN.

Dans le cadre du processus de révision du plan d’aménagement de la Réserve de Biosphère du Dja, un inventaire de grands et moyens mammifères a été réalisé du 15 mars au 06 juin 2015 avec les éco gardes sous la supervision technique de l’UICN. Le focus était porté sur l’éléphant de forêt, le gorille de plaine et le chimpanzé.

La méthodologie utilisée ici a été basée sur les observations indirectes dans une combinaison alternée des techniques de recce et transect linéaire. Les logiciels d’analyse bio-statistiques et de cartographie ont été mis à contribution pour aboutir aux principaux résultats obtenus et en s'appuyant sur les techniques de statistiques descriptives. Au terme des analyses des données issues de cette étude, il ressort qu’au moins 17 espèces de mammifères ont été recensées dans la Réserve de Faune du Dja. Les artiodactyles très représentés par les céphalophes roux sont les plus abondants. Les densités surfaciques (Individus/km2) des populations d’éléphants, de gorilles, chimpanzés clairement identifiés et de grands singes en général sont respectivement de 0,080 (0,066-0,105); 1,257 (0,946-1,670) ; 0,69 (0,521-0,912) et 2,588 (2,118-3,161). Les effectifs d’éléphants, gorilles, chimpanzés et grands singes sont estimés à 420 (313-563), 6613 (4978-8786), 3630 (2742-4804) et 13611 (11143-16625) dans la Réserve de Faune du Dja. Les estimations ci-dessous présentées sont les meilleures tirées de l’analyse des données compte tenu du temps imparti et doivent être considérées comme préliminaires. Les analyses plus raffinées sont en cours et apporterons à temps opportun plus de précision sur les estimations de la population animale dans la Reserve de Faune du Dja.

Le braconnage constitue la principale menace dans cette aire protégée tandis que l’on note quelques empiètements clandestins de l’exploitation forestière dans la partie Sud-est de la réserve. Les tendances évolutives montrent une baisse drastique de la population d’éléphants, une relative diminution des gorilles et une stabilité constante de la population des chimpanzés. Le changement du centre d’intérêt des braconniers porté désormais sur l’éléphant du fait du prix attractif sur le marché noir d’une part, et la qualité de l’habitat dans et autour de la Réserve de Faune d’autre part, pourraient expliquer ces tendances. Les secteurs Est, Sud et Nord-Ouest sont les plus soumis à la pression de braconnage, laissant une abondance faunique dans la partie allant du Sud-ouest au Nord-est. A la suite de cette étude, les recommandations suivantes sont formulées:

  • Procéder à une évaluation de l’efficacité de gestion de la Reserve pour examiner l'état général de conservation de cette       Réserve et proposer des mesures à prendre compte tenu des menaces et pressions, ainsi que des réalités de ce site;
  • Renforcer l’implication du secteur privé dans la gestion de la Reserve;
  • Evaluer la possibilité de renforcer le statut de protection de la Reserve au regard des menaces croissantes, à travers          l'élévation de son statut en Parc National et par le réaménagement des limites du noyau dur plus riche ;
  • Explorer la possibilité de valoriser la Reserve dans le cadre du mécanisme REDD+ et autres mécanismes de paiement des services environnementaux ;
  • Intensifier les patrouilles de lutte anti-braconnage à l’intérieur de la Réserve de Faune du Dja en y construisant 04 postes de surveillance permanente sur la base de la division de l’aire protégée en autant de secteurs ;
  • Développer une stratégie de sensibilisation des populations riveraines visant leur conscientisation en vue d’une implication plus active dans la lutte contre le braconnage en général et le trafic de l’ivoire en particulier ; cette stratégie devrait intégrer le développement et l’appropriation des projets alternatifs au braconnage et inhérents à l’amélioration du bien-être des populations locales.

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